La digitalisation d’archives est un processus hautement spécialisé et chronophage, car elle entraîne la transformation radicale des documents physiques en documents numériques. Elle constitue donc une avancée technologique majeure, car elle contribue à la fois à la divulgation de documents rares et à la possibilité d’un accès direct au public, sans exclusion (liée à la distance, au statut ou aux intérêts); préservant ainsi un caractère absolument démocratique.
Les rôles particuliers qu’entreprend la digitalisation d’archives. Il s’agit en réalité d’une véritable révolution technologique, car elle comble pleinement le manqué de connaissances des citoyens, qui prévalait auparavant en raison du manque de moyens technologiques permettant la conversion des archives physiques en archives numériques.
Par ailleurs, le rôle important de la littérature, de l’art en général et de l’histoire dans la renaissance du passé culturel et la promotion du patrimoine culturel mondial est mis en évidence. Dans le cadre de la promotion d’éléments communs des cultures nationales, une forte mobilisation mondiale a été observée par de nombreuses organisations culturelles, qui ont compris l’importance d’existence et de promotion de la richesse culturelle collective.
Dans le domaine de l’éducation, la digitalisation des archives susmentionnées a grandement contribué à des changements radicaux dans l’enseignement, tout en insufflant une impulsion significative à la communauté éducative vers une attitude d’extraversion et de convergence interculturelle. Parallèlement, elle a transformé l’apprenant, passant du statut de récepteur passif d’informations à celui de facteur actif de formation et de diffusion de la culture.
Des avantages et des inconvénients de la digitalisation. La ‘’digitalisation’’ est un procédé particulièrement utile pour convertir des données (documents, textes, images, objets, signaux) de leur forme analogique (et donc vulnérable au temps) en numérique. Tous les archives peuvent être enregistrées sur l’ordinateur de l’utilisateur, puis traités par celui-ci grâce à des moyens technologiques. Cette approche numérique n’est plus réservée seulement aux établissements d’enseignement officiels, mais s’est généralisée à toute activité humaine.
La révolution technologique susmentionnée comporte également un caractère absolument démocratique, étant donné que la connaissance est désormais accessible à tous et non plus seulement aux chercheurs spécialisés[1].
En outre, le procédé ci-dessus permet des économies de papier et d’encre (protection de l’environnement), un archivage rationnel de documents, la citation simultanée de nombreuses sources d’information disponibles, un gain de temps pour les utilisateurs dans la localisation de documents et de preuves spécifiques, l’accès à des archives inaccessibles sous leur forme physique –en raison de la distance et de la rareté–, une efficacité et une productivité améliorées en ce qui concerne les archives d’une entreprise, de la transparence, de la qualité de données et de l’économie.
Cependant, malgré les différents avantages apportés par ce procédé, certains inconvénients sont également observés, tels que les suivants: le manque de familiarité de nombreuses personnes avec cette méthode d’accès aux archives (manque de culture informationnelle), la perte de temps dans la conversion des documents d’objets physiques en supports numériques (en raison de leur fragilité et de la spécialisation requise du personnel), l’existence de nombreux risques de fuite ou d’altération des données par des pirates informatiques lors du processus de partage numérique, etc.
La digitalisation d’archives et la préservation de la mémoire historique. Le cas d’archives rares sous forme physique (parties intégrantes de la culture mondiale) est particulièrement caractéristique, notamment les archives littéraires, artistiques (et des métiers traditionnels qui appartiennent aux arts manuels et qui sont en voie de disparition), folkloriques (qui mettent en lumière le passé historique à travers les coutumes, les traditions, les habitudes, les fêtes religieuses et nationales des peuples), historiques, etc. Dans ce cas, la digitalisation est considérée comme absolument nécessaire, principalement pour des raisons de sauvegarde, mais aussi pour une large diffusion du contenu des archives sur tous les continents. De plus, la sauvegarde de ces biens culturels-ci garantit également la mémoire historique, indispensable à la pérennité de l’avenir à l’ère moderne, marquée par des changements rapides et d’une assimilation croissante[2].
Cette constatation-ci a rapidement été pris en compte par de nombreuses organisations culturelles internationales, qui ont lancé un effort systématique de sauvegarde de documents, comme Europeana, la grande bibliothèque digitale qui rassemble en ligne (www.europeana.eu) –provenant de nombreuses organisations culturelles– des éléments importants de la culture européenne afin de les sauvegarder et de les diffuser, en les offrant gratuitement à tous. Elle vise ainsi à transformer l’internaute en un acteur actif, en tant que simple visiteur, membre d’une vaste communauté électronique, voire auteur de textes (contenu généré par l’utilisateur).
L’évolution des technologies digitales (données, intelligence artificielle, 3D, XR) a engendré de nombreux changements aux bénéfices culturels variés: elle offre des possibilités considérables pour la préservation des monuments du patrimoine culturel mondial[3], permet à l’utilisateur de naviguer dans des musées virtuels numériques (institutions culturelles traditionnelles de base, telles que les bibliothèques), où l’on tente de faire revivre un passé lointain, et transforme l’utilisateur en témoin oculaire des monuments[4] et en voyageur de lieux inconnus et aujourd’hui disparus. Une démarche impossible à réaliser dans un environnement naturel[5].
Dans le passé, le terme ‘’patrimoine culturel’’ n’avait pas sa signification actuelle, reflétant uniquement le processus mécanique de transmission des biens et des actifs de génération en génération. Aujourd’hui, au contraire, il est étroitement lié à l’identité, aux racines et à l’origine de tous les éléments spécifiques qui caractérisent un peuple[6]. Parallèlement, il englobe une dimension collective, car l’exploitation de la richesse culturelle du passé de toutes les ethnies permet d’identifier des éléments communs[7]. Il comprend le patrimoine culturel immatériel et matériel. Il convient bien sûr de noter que le terme ‘’patrimoine culturel’’ peut être varié selon le chercheur et la perspective qu’il adopte[8]. Aujourd’hui, le patrimoine culturel reflète une variété d’éléments hétérogènes, tels que la protection de l’environnement, la culture matérielle et les traditions vivantes, la culture spirituelle, etc. La Convention de l’UNESCO de 2003 a marqué un tournant dans la mise en lumière du rôle du patrimoine culturel mondial. Les principales organisations internationales qui promeuvent ces objectifs sont l’UNESCO et l’ICOMOS, qui disposent de conditions spécifiques pour l’élaboration de stratégies sur cette question-ci.
Des avantages de la digitalisation d’archives rares de littérature, d’arts visuels et d’histoire. La digitalization d’archives rares –notamment des textes littéraires, visuels et historiques–, outre la préservation de la mémoire historique et de l’identité des peuples, contribue également à l’interculturalité et au développement de valeurs morales telles que la solidarité, l’amitié, etc. De plus, à l’ère moderne de la migration continue des populations vers d’autres pays (plus sûrs ou offrant de meilleures conditions de vie), l’éducation interculturelle s’institutionnalise progressivement, visant à la tolérance et à la coexistence harmonieuse des différents peuples avec les autochtones.
La littérature et l’art en général sont étroitement liés à l’histoire. En effet, pour créer une œuvre, écrivains et artistes s’inspirent de l’atmosphère de l’époque, influencés par les événements historiques et sociopolitiques majeurs, tout en exprimant leurs préoccupations, leurs objections et leurs propositions pour améliorer, voire renverser, la situation actuelle. De plus, la littérature et l’art reflètent consciemment l’actualité, chacun adoptant des outils différents: le discours prétentieux et l’image, respectivement, pour obtenir un résultat esthétique impressionnant[9]. Selon D. Angelatos, ‘’les langages de la littérature et de la peinture peuvent converger et se combiner’’[10]. Ainsi, un texte littéraire et une œuvre d’art font partie intégrante de l’histoire et du patrimoine culturel. Une production littéraire et une présentation visuelle, en parfaite harmonie avec les événements historiques, reflètent le progrès culturel d’un peuple ou son recul. De son côté, l’histoire, en offrant au public d’importants témoignages historiques, met en lumière le cours de la société passée ainsi que les événements et les réalisations politiques, sociaux, économiques et scientifiques les plus marquants, contribuant ainsi directement à la promotion de la culture.
L’évolution rapide des technologies a contribué à l’émergence du patrimoine culturel mondial, mettant en valeur l’ensemble de la production littéraire et artistique, ainsi que la présence historique des peuples grâce aux archives numérisées. Parallèlement, les lacunes dans les connaissances sur la valeur culturelle particulière d’œuvres littéraires et de documents historiques ont été comblées.
Dans le domaine de l’éducation, l’apport d’archives rares numérisées d’œuvres littéraires et visuelles, ainsi que de documents historiques (visuels et audio), contribue à l’émergence d’aspects méconnus de la culture et à des formes d’enseignement innovantes, notamment dans l’enseignement supérieur. La navigation des apprenants dans des musées et des bibliothèques virtuels et numériques (accompagnés d’un enseignant familiarisé avec les nouvelles applications technologiques) transforme l’enseignement et l’acquisition de sens en un processus à la fois magique et créatif. Parallèlement, la participation des apprenants à des communautés en ligne est également très intéressante et constructive, car elle leur permet d’intervenir directement dans l’intrigue d’un texte littéraire; elle favorise également le développement de l’unité, de l’identité et de l’extraversion des peuples. De plus, la présentation audio d’une archive (par exemple, le discours de l’auteur lui-même lisant des extraits de son œuvre ou en discutant) la rend plus intéressante, car elle relie directement la théorie à la pratique. Dans un document historique, l’accompagnement musical évocateur transporte l’utilisateur dans une période historique spécifique et à son climat. Lors de la visite virtuelle d’une bibliothèque, l’utilisateur a la possibilité de rencontrer du matériel audiovisuel rare du domaine de la littérature et de l’histoire, comme par exemple les objects personnels d’un écrivain de siècles passés (par exemple la plume du grand écrivain et ethnographe de Skiathos Alexandros Papadiamantis) et des documents historiques d’anciennes civilisations.
De cette façon-ci, grâce aux fonctions intelligentes de la Technologie, des changements profonds sont apportés à la méthode d’enseignement (lien direct de la théorie avec la pratique, culture de l’extraversion, participation active des apprenants).
Par conséquent, la numérisation d’archives rares de la littérature, de l’art en général et de l’histoire (au-delà des difficultés pratiques mentionnées ci-dessus) assume également un double rôle important: elle contribue à la promotion du patrimoine culturel mondial et, en même temps, contribue à des changements éducatifs radicaux dans une époque qui suit le rythme de la technologie, tout en essayant de maintenir son équilibre et son caractère humaniste.
À l’avenir, des chercheurs et l’État devront investir davantage dans la digitalisation d’archives rares de la littérature, de l’art en général et de l’histoire afin de révéler tout le trésor caché des peuples, trésor qui se transforme à un lien précieux pour les échanges culturels et la normalisation des relations humaines (diversité des peuples et respect collectif de l’altérité). L’héritage de la littérature, des arts et de l’histoire (à travers les œuvres, mais aussi les événements, les mentalités, les mœurs, les coutumes, les perceptions, dans une perspective historique) est le médiateur et le gardien le plus approprié du passé, un témoin fiable du présent et un garant de l’avenir.
[1] Βλ. G. W. Clough, Best of both worlds: Museums, libraries, and archives in a digital age, Washington 2013, DC: Smithsonian Institution. doi: 10.1038/426706.
[2] Βλ. έργο της Σ. Ταμπάκη, Η πολιτιστική μας κληρονομία σήμερα: μνημεία, μουσεία, αρχαιολογικοί χώροι για εκπαιδευτικούς, εκδ. Αθανασίου Αλτιντζή, Θεσσαλονίκη 2011.
[3] Βλ. Συλλογικό έργο των Δ. Παπαγεωργίου, Ε. Μυριβήλη, Γ. Πεχλιβανίδη, Δ. Οικονόμου, κ.ά. Δ. Παπαγεωργίου (επιμ.), Πολιτιστική Αναπαράσταση, εκδ. «Κριτική», Αθήνα 2006.
[4] Βλ. A. A. Oyelude, “Galleries, libraries, archives and museums (glams) and digital preservation activities”, Library Hi Tech News, 36(6) 2019, σ.σ. 8–9. doi: 10.1108/lhtn-06-2019-0039.
5 Βλ. J. L. Sierra, κ.ά. “From research resources to learning objects: Process model and virtualization experiences”, Educational Technology and Society, 9 (3), 2006, σ.σ. 56–68.
[6] Βλ. S. Hoelscher, Πολιτισμική κληρονομιά, στο S. Macdonald (επιμ.) Μουσείο και μουσειακές σπουδές: ένας πλήρης οδηγός, εκδ. «Πολιτιστικό Ίδρυμα Ομίλου Πειραιώς», Αθήνα 2012, σ.σ. 289–316.
7 Αυτ.
8 Βλ. I. Rizzo, D. Throsby “Cultural Heritage: Economic Analysis and Public Policy” in V. A. Ginsburg and D. Throsby (eds) Handbook of the Economics of Art and Culture, Volume 1, B. V. Elsevier, 2006, p.p. 984–1016.
[9] Βλ. έργο της Β. Καμπατζά, με τίτλο Λογοτεχνία, Εικαστικές Τέχνες, Πολιτισμός· μία αμφίδρομη-διαλεκτική πορεία, εκδ. Μπαρμπουνάκη, Θεσσαλονίκη 2023. Πρβλ. και έργο του Λ. Πολίτη, Η ιστορία της νεοελληνικής λογοτεχνίας, εκδ. «Μ. Ι. Ε. Τ. (Μορφωτικό Ίδρυμα Εθνικής Τραπέζης)», Αθήνα 2015. Βλ. επίσης και Ε. Φωρ, Ιστορία της Τέχνης. Η αρχαία τέχνη, (μτφρ.: Β. Τομανάς και Ι. Βιγγοπούλου), εκδ. «Εξάντας, Εκδοτική Α.Ε.», Αθήνα 1993.
[10] Βλ. έργο του Δ. Αγγελάτου, με τίτλο Λογοτεχνία και Ζωγραφική, εκδ. «Gutenberg», Αθήνα 2017.